Prendre une responsabilité au sein du GROS, c’est travailler dans la lumière et dire un grand merci à toutes ces énergies qui ont menées l’association au niveau où elle se trouve aujourd’hui. Cela fait un peu peur car on se dit que l’on ne sera pas à la hauteur, mais heureusement, au-delà des postes visibles, les transmissions et la poursuite de la réflexion sont assurées. C’est d’ailleurs la force du GROS.
Membre du conseil d’administration depuis longtemps, j’ai pu participer à un chemin de maturation qui réunit l’approfondissement constructif de réflexions collectives, le souci de rigueur et la mise en place d’un comité scientifique pour en garantir le cadre avec un souci constant d’évoquer la personne obèse face à ses difficultés spécifiques. Il était peu fréquent, voire impensable lorsque j’ai adhéré au GROS, d’écouter la voix des personnes concernées. Et pourtant, face, aux incertitudes concernant les connaissances sur l’obésité, toutes les expertises sont bonnes à croiser pour s’approcher d’une réalité qui n’est pas strictement médicale.
Que deviendrait la difficulté à être gros si la pression devenait moins forte, si le couperet des valeurs d’IMC (Indice de Masse Corporelle) ne tombait pas comme une prophétie mortifère, si le rejet des plus gros ne débutait pas si tôt ? Comment rester combattif quand on est l’éternel coupable ? Et pourtant, la recherche avance en démontrant la complexité des obésités et de leur parcours.
Mais c’est une pathologie souvent mal-aimée. Médicalement, les facteurs de risque sont connus et pris en compte. Mais psychologiquement, qu’en est-il des troubles du comportement alimentaire ? La littérature prend en compte l’anorexie et la boulimie. Mais pour l’hyperphagie boulimique des personnes obèses, qui n’existe que depuis très récemment dans le DSM5, les publications sont plus rares et l’intérêt peu présent.
Les besoins d’information, de formation et de communication sur ces sujets sont importants.
Le GROS a mis en place des outils à développer et à diffuser largement pour ne pas rester dans des représentations négatives, des querelles de chapelles contre-productives et contraires à l’intérêt des personnes concernées.
Il reste beaucoup à faire pour stopper cette stigmatisation qui se développe alors qu’il est dit depuis longtemps déjà (2002) que la lutte contre l’obésité ne peut pas être dissociée de la lutte contre la discrimination.
Cela implique le regard de tous, y compris celui des médecins face à une pathologie récalcitrante qui interroge et dérange.
A la fois professionnelle et concernée, je souhaite apporter au GROS cette expertise particulière, honorée de cette confiance et de cette possibilité de parole plus officielle.
Sylvie Benkemoun