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Obésité infantile: ce qu'on ne nous dit pas (assez)Les messages stigmatisants autour des questions de surpoids commencent dès la naissance. Avec bien souvent des effets destructeurs. Et si on remettait tout à plat?
Cela fait déjà plusieurs années que l'obésité infantile est une préoccupation sociale majeure. D'un côté, de nombreux parents sont effrayés à l'idée que leur enfant soit gros dans une société qui, dans son ensemble, rejette les gros. De l'autre, les pouvoirs publics redoutent la hausse des dépenses de santé liée à l'obésité. Et c'est ainsi que, dans un hasard malheureux et malgré leurs intentions différentes, norme sociale et norme médicale concourent bien souvent à faire de la vie des obèses un enfer, et ce, dès l'enfance.
Vies entières passées au régime, obsession de la balance, culpabilité à chaque gourmandise et ressentiment pour un corps qui s'obstinerait à ne pas se conformer aux standards. À tel point qu'on a envie de se poser une question pas tout à fait politiquement correcte, celle de savoir si toutes ces souffrances en «valent» vraiment la peine? Pour combien d'années d'espérance de vie gagnées devrions-nous accepter des décennies de restriction et de stigmatisation?
Sur le papier, les chiffres sont plutôt cruels: en 2016, une étude publiée dans le prestigieux journal The Lancet s'appuyant sur plus de 10 millions de personnes avaient montré qu'une obésité modérée conduisait à une réduction de trois ans de l'espérance de vie... soit la moitié de l'écart existant entre un ouvrier et un cadre. Il semble donc urgent de revoir notre regard sur la question, afin que les politiques de santé publiques ne soient plus un catalyseur des maltraitances sociales...
Pour Sylvie Benkemoun, le constat est sans appel:
«Quand on demande aux gens de retracer leur parcours d'obésité, l'histoire commence très souvent avec le diagnostic d'un médecin qui aurait fait une réflexion comme “regarde, tu es grosse”, ou “il faut arrêter de manger”. Ça peut provoquer une prophétie auto-réalisatrice: les enfants se mettent à développer des angoisses, une obsession pour la minceur, alors même qu'il y a beaucoup d'enfants qui peuvent être ronds à un moment de leur vie et minces après. Il faut que les médecins se rendent compte de l'impact de ce qu'ils disent.»