Retrouvons Gérard Apfeldorfer au téléphone sonne
Selon un rapport publié dans le BEH cette semaine, la période 2006-2015 a été marquée par une augmentation de la maigreur chez les filles de 11 ans à 14 ans.
Une émission sur la minceur extrême, voire la maigreur qui touche parfois les jeunes filles, adolescentes ou pré-adolescentes. Le phénomène a pris de l’ampleur ces dix dernières années sans que l’on sache précisément quel en est le ressort, la minceur extrême étant moins documentée que l’obésité ou le surpoids.
Alors pourquoi ? Faut-il regarder du côté du culte de la minceur qui s’étale partout, publicité, journaux, télé, internet ? L’extrême minceur serait alors le dévoiement de cet « idéal ».
Les invités :
- Marie-Rose Moro Psychanalyste et psychiatre d'enfants et d'adolescents
- Gérard Apfeldorfer
- Anne Bargiacchi Responsable de l'unité Troubles alimentaires à début précoce de l'hôpital Robert Debré/ AP-HP
De quoi s'agit-il ? A quel âge ces troubles commencent-ils ?
C'est un phénomène qui touche plus les jeunes filles, mais les garçons sont pris progressivement dans cette même contrainte. Il commence de plus en plus tôt par ailleurs.
On constate que cela concerne les enfants en moyenne autour de 12 ans. Mais on voit arriver dans les services des jeunes enfants de 7-8 ans. L'anorexie de ces derniers ne ressemblent pas toujours à celle des adolescents.
Les jeunes filles sont préoccupées depuis longtemps par le poids, la question de la bonne nourriture. Il y a une véritable nécessité de tout contrôler, de ne pas se laisser aller à ces désirs.
Pour développer une anorexie mentale grave, il faut avoir des prédispositions génétiques. On pense qu'il y a de plus en plus de points communs entre cette maladie et les troubles obsessionnels compulsifs. Il existe donc plusieurs formes d'anorexie mentale : une très grave, et une autre déclenchée par le discours de la société.
Quid du rôle des médias ? Des personnalités ?
Les adolescentes sont très sensibles à toute forme de discrimination, et sont facilement blessées par le regard des autres. Pour autant, il ne faut pas simplifier les choses. Les idéaux véhiculés par les médias ne sont pas uniques responsables de cette tourmente.
On est dans une société où la valeur d'un individu est aussi mesurée par rapport à son comportement alimentaire. Il y a les bons et les mauvais aliments. Donc il ne faut pas être surpris si les enfants cherchent à contrôler leurs repas.
Un besoin d'autonomie pour y remédier ?
La thérapie familiale est un des traitements les plus efficaces. La coupure avec ses proches n'est pas forcément nécessaire, mais cela peut aider. Chez certain(e)s patient(e)s, il y a un réel besoin de prendre son envol pour se retrouver.
Il y a beaucoup de chemins pour arriver à guérir, et il ne faut pas avoir peur des rechutes. Intervenir assez tôt est très important.