Merci à Yves G. Jalbert, Ph. D. de l'association pour la santé publique au Québec de nous partager leur travail à travers cet état des lieux des Produits, Services et Moyens pour la Gestion du Poids au Québec.
Une analyse et des conclusions aisément transposables.
Bonne lecture et bonne réflexion.
Il existe actuellement sur le marché une surabondance de PSMA. Dans la majorité des cas, ils ne s’appuient pas sur des principes rigoureusement scientifiques et font souvent l’objet de pratiques commerciales malhonnêtes.
C’est une industrie fort lucrative : dans le monde, elle représentait, en 2014, un marché de 148,1 milliards de dollars américains et de 6,09 milliards de dollars seulement au Canada (Marketsandmarkets Research, 2015a et b).
D’autre part, la perte de poids associée aux PSMA est rarement maintenue à long terme. Chez plusieurs individus, il en résulte des cycles récurrents de perte et de gain de poids avec un fort potentiel de séquelles physiques et psychologiques pouvant aller jusqu’à la dépression, la préoccupation excessive à l’égard de son poids, et aux troubles alimentaires.
Loin d’améliorer la situation, l’industrie de l’amaigrissement sous toutes ses formes augmente la prévalence de l’obésité et vient annihiler les mesures gouvernementales de santé publique mise en place pour réduire cette prévalence. (Freedhoff et Sharma, 2010; Neumark-Sztainer et collab., 2012; Savage et Birch, 2010). Par ailleurs, mieux comprendre la problématique des PSMA devint impératif, en raison notamment du nombre croissant de leurs utilisateurs : près d’un Québécois sur dix aurait eu recours à un régime, un programme ou une mesure jugée potentiellement dangereuse (jeûne, prise de laxatifs, etc.) (Cazale et collab., 2011).
Bon nombre de PSMA véhiculent de fausses croyances en promettant une perte de poids rapide et sans effort. Peu de ces produits ou méthodes prévoient un encadrement personnalisé, assuré par des professionnels de la santé.
La littérature scientifique montre par ailleurs que la perte de poids constitue rarement la cible d’intervention à privilégier. Le surpoids doit être considéré comme la manifestation observable d’un ensemble de facteurs biopsychosociaux. Il s’avère plus bénéfique de miser sur une bonne condition physique et métabolique, peu importe le poids. Il existe actuellement un important corpus de littérature scientifique qui montre clairement que la plupart des maladies chroniques reliées à l’obésité peuvent être traitées efficacement, sans perte de poids (Robinson, 2005).
Sur le plan clinique, les professionnels de la santé gagneraient davantage à miser sur une approche basée sur le nouveau paradigme qui prône la santé à tous les poids (health at every size) (Robinson, 2005; Bacon et Aphramor, 2011; Tylka et collab., 2014).
Robinson (2005) stipule en effet qu’en ne favorisant pas la perte de poids comme un objectif principal, on contribue à protéger les générations futures du risque de développer des troubles de l'alimentation ou une préoccupation excessive à l’égard de leur poids ou de leur image corporelle.
Enfin, l’un des problèmes majeurs des PSMA se cristallise dans la perception de l’image, du concept de la beauté et de la minceur, véhiculée par l’industrie de l’amaigrissement qui utilise et récupère à son profit des messages de santé pour faire la promotion de ses produits et services.
Cet état des lieux met en évidence l’urgence d’agir sur le dossier des PSMA pour protéger la santé de la population québécoise. Force est d’admettre que l’encadrement et la réglementation actuels sont inadéquats pour s’attaquer à l’ensemble des aspects problématiques des PSMA. Il faut que tous les acteurs de la société civile et des gouvernements se mobilisent pour agir de manière concertée pour faire face à une industrie en pleine croissance et qui sait s’adapter rapidement au marché.
extrait de LA FACE CACHÉE ET L’IMPOSTURE DES PRODUITS, SERVICES ET MOYENS AMAIGRISSANTS (PSMA
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Cet état des lieux est produit par l’Association pour la santé publique du Québec (ASPQ)
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Dépôt légal
Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2015
Bibliothèque et Archives Canada, 2015
ISBN : 978-2-920202-66-5
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