Depuis la crise sanitaire du COVID et en réaction avec le focus médical et médiatique sur le sur-risque pour les personnes obèses, la notion de grossophobie a été plus largement diffusée auprès du grand public. Des actions de sensibilisation, ponctuelles ou pérennes, ont commencé à être développées dans les différents territoires.
Depuis deux ans, l’antenne Grand Est du GROS est sollicitée pour intervenir auprès des élèves de 5e du collège Paul Langevin de Piennes en Meurthe-et-Moselle.
Pour répondre à cette demande, un groupe de praticiennes du GROS a imaginé une action adaptée et interactive qui permet de porter cette notion auprès des collégiens.
Au-delà de la grossophobie, cette intervention d’1 h 30 permet d’introduire certaines des notions fondamentales portées par le GROS comme l’alimentation intuitive, le poids d’équilibre et l’acceptation du corps.
Quelques semaines avant l’intervention, les adolescents sont interrogés via un questionnaire sur leurs connaissances et opinions vis-à-vis de l’obésité. Puis les résultats sont utilisés pour construire et adapter la présentation.
Le jour de l’intervention, les élèves placés en cercles vont participer à une conférence interactive animée par deux intervenant(e)s.
Les élèves sont alors invités à construire des référentiels comme la définition de la santé, du poids, de l’obésité. Cette entrée en matière permet de développer des notions telles que la possibilité (ou non) du choix de son poids, ce qui le détermine, les différentes faims et comment y répondre.
Un temps est dédié à expliquer le trouble du réconfort et la notion de culpabilité qui y est associée.
Cette introduction qui permet aux enfants d’avoir des notions plus détaillées sur le rapport au poids, permet de développer de manière plus solide la thématique de la discrimination. Un temps est alors consacré aux mécanismes qui mènent à la discrimination avant d’entrer dans le cas plus particulier des personnes obèses.
Ces discussions passent par des apports théoriques émaillés d’illustrations ludiques (images, vidéos, jeu d’acteur entre les intervenants…)
Enfin, une mise en pratique est proposée via des situations soumises aux élèves
Pour finir, un bref rappel illustré d’une vidéo est fait sur le traitement du corps dans les médias et les réseaux sociaux (filtres et retouches photos).
À ce jour, 6 classes ont participé à cette action de sensibilisation. Les retours sur l’intervention elle-même, ont été très positifs tant du point de vue des élèves que des encadrants.
Les élèves se montrent souvent intéressés par toute la partie théorique qui remet en question un certain nombre de croyances. De plus, les adolescents sont généralement très sensibles à l’injustice sociale. En plein construction personnelle, ils ont fréquemment des avis (parfois tranchés) qu’ils aiment confronter et dont ils aiment débattre.
Cette intervention en classe de 5e est une action qui nous semble utile. Elle permet de développer des notions fondamentales à une construction personnelle respectueuse de soi et un rapport au corps apaisé. Ces notions, portées par le GROS, sont peu présentes dans le discours social ou médiatique et les adolescents gagneraient certainement à y avoir un plus grand accès.
Alexandra Tubiana, Fanny Grandjean, Angèle Guichard, Barbara Rubino, Salomé Gorcy, Mélanie Le Morzedec