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Le GROS surpris et déçu par l'épreuve de mathématiques du Brevet 2017

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Le Groupe de Réflexion sur l’Obésité et le Surpoids (GROS) est une association de professionnels de santé prenant en charge les personnes en difficulté avec leur poids et leur comportement alimentaire.

Nous avons pris connaissance avec surprise de la question 6 de l’épreuve de mathématiques du Diplôme National du Brevet de 2017.

Nous nous étonnons du choix contextuel de l’obésité et de l’évaluation de l’IMC (Indice de Masse Corporelle). Il ne s’agit pas, bien sûr, de remettre en cause la pédagogie mais le choix du sujet des mathématiques appliquées qui a été fait lors de cette épreuve.

Ce sujet particulièrement sensible et complexe est générateur de rejet et de souffrance dans de nombreux aspects de la vie sociale. L’adolescence, période de grande vulnérabilité, valorise les normes et ses promesses d’intégration et de réussite. La question du poids occupe une place non négligeable avec des conséquences connues pouvant aller jusqu’au harcèlement et au suicide.

Banaliser le calcul de l’IMC et son utilisation lors d’un examen national, a valeur éducative, en légitimant la réalité de cet indice pour catégoriser les individus suivant leur poids.

Or, les connaissances scientifiques actuelles démontrent l’insuffisance de cet indicateur en matière de santé et d’espérance de vie. Nous souhaitons donc informer les personnes en charge de l’éducation de nos enfants de la complexité de ces évaluations pour éviter des mises à l’index d’adolescents catégorisés et se catégorisant en cherchant à maigrir à tout prix pour devenir « acceptables ».

Nous comprenons l’intérêt de l’utilisation des mathématiques appliquées en situation, mais nous trouvons le choix de cette année discutable au vu d’une stigmatisation de plus en plus présente et discriminante.

Nous nous demandons en outre, par rapport à l’exercice, quel peut être l’intérêt d’une évaluation du poids chez un médecin du travail. En regard de la réalité de terrain s’agit-il de sélectionner à l’embauche des personnes de poids standard, de traiter différemment les employés en fonction de leur poids ou bien d’obliger certains à maigrir ? Ce questionnement va dans le sens du contexte choisi, de sa réalité et de ses représentations.

Nous souhaitons, par cette réaction, sensibiliser aux conséquences d’un mal-être sur le poids des personnes concernées qui peuvent développer ou aggraver des troubles du comportement alimentaire générateurs de prises de poids culpabilisantes et difficiles à vivre. L’espace éducatif pourrait être un lieu d’information, de sensibilisation et de compréhension de ces problèmes. Il nous semblerait plus efficace de développer une écoute bienveillante et une information sérieuse sur ces questions plutôt que d’évoquer cet IMC mis en place par les compagnies d’assurance.

Nous nous étonnons, en outre, que les mises en garde touchent spécifiquement les IMC élevés alors que les IMC trop bas sont beaucoup plus dangereux et mortels à court terme, au-delà des probabilités et de leurs incertitudes. Il n’est pas question de troquer un IMC contre un autre mais de mettre à jour des représentations inconscientes, délétères pour certains.

Nous nous étonnons également, à la question c) de lire : « On lit sur certains magazines « on estime qu’au moins 5% de la population mondiale est en surpoids ou est obèse. »

Est-ce que les magazines sont source de statistiques officiellement établies ? Quand on lit toutes les injonctions à maigrir et quand on voit la silhouette des modèles valorisés, il nous semble dangereux de proposer ces sources comme vérité mathématique. Il existe des enquêtes épidémiologiques aux résultats validés qui seraient plus conformes à l’exigence des sciences exactes enseignées au collège.

Nous espérons, à travers ces lignes, proposer un questionnement éthique au-delà d’une imprégnation de santé publique envahissante qui isole des personnes en les mettant à l’index.

Nous sommes ouverts à tout échange pour le bien des adolescents en devenir qui viennent de passer leur brevet et à qui nous souhaitons de vivre le mieux possible un parcours éducatif de qualité, quel que soit leur IMC et les peurs régulièrement générées sur ces questions.

Les membres du Conseil d’administration du GROS

Dr Gérard Apfeldorfer, psychiatre, Président

Mme Sylvie Benkemoun, psychologue clinicienne, Vice-Présidente

Mme Florence Urbain, diététicienne-nutritionniste, Secrétaire

Mme Marie-Carmel Detournay, infirmière psychothérapeute, Trésorière

Mme Ulla Menneteau, diététicienne-nutritionniste, Responsable Formation

Mme Chantal Boutet,diététicienne-nutritionniste, Adjointe Responsable Formation

Mme Aurore Taccoen, psychologue clinicienne, Responsable Vie associative

M Vincent Gerbault, diététicien-nutritionniste, Responsable Communication & Web

Mme Alexandra Palao, diététicienne-nutritionniste, Chargée de mission

Mme Cécile Seron, diététicienne-nutritionniste, Chargée de mission
 

Fichiers attachés
Publié par Association GROS le