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Développer sa bienveillance avec le 3ème système émotionnel
par Christophe Deval retrouvez son ouvrage ici
Dans notre parcours sur cette seconde force, l’Empathie, vous avez eu l’occasion de travailler votre capacité à vous mettre à la place des autres (empathie cognitive), puis votre capacité à résonner émotionnellement (empathie émotionnelle). Ces deux étapes relèvent de l’attention : votre capacité à porter votre attention sur les autres et sur vos réactions. L’attention sous ces deux versants est une composante indispensable à l’empathie. Mais elle n’est pas suffisante. Il manque une autre composante : l’intention. Cette intention, c’est le souci de l’autre ou, pour le dire autrement, la bienveillance. La définition de la bienveillance est de vouloir le bien et le bonheur des autres.
Quand nous parlons de bienveillance, nous parlons aussi d’une autre dimension très proche mais différente : la compassion. Le mot compassion n’a pas très bonne presse. Dans la langue française, il évoque plutôt la pitié, ce qui implique une sorte de condescendance. Ce concept est pourtant très différent, et est une composante essentielle de l’empathie, qui a été mise au goût du jour dans les années 1990 par Paul Gilbert, un psychologue anglais, qui a fondé un courant appelé Compassion Focused Therapy (CFT ou thérapie centrée sur la compassion). La définition qu’il donne de la compassion est d’« être sensible à la souffrance en soi et chez les autres, avec un engagement fort pour la prévenir et la soulager ». Il y a donc dans la compassion un double aspect : être ouvert à la souffrance (chez soi comme chez les autres) et agir pour la limiter. Les deux termes, bienveillance et compassion, sont donc complémentaires : la bienveillance vise à faire le bien, la compassion vise à soulager la souffrance.
Un des principes de base qui invite à la compassion et à la bienveillance, selon Gilbert, c’est que nous n’avons pas choisi la plupart des choses qui nous sont arrivés et nous n’en sommes donc pas responsables. Nous n’avons pas choisi de faire partie de l’espèce humaine, avec un système émotionnel et un cerveau qui fonctionne (ou dysfonctionne) comme il le fait. Nous n’avons pas non plus choisi l’époque, le pays ou encore la famille dans lesquels nous sommes nés. Gilbert prend un exemple très éclairant : si vous étiez né(e) dans un pays pauvre, dans un bidonville rongé par la violence, avec un père absent et une mère toxicomane, est-ce que vous auriez la vie que vous avez aujourd’hui ? Est-ce que vous seriez ce que vous êtes aujourd’hui ? Est-ce que ce serait ne serait-ce qu’une possibilité ? D’où la nécessité de faire preuve de bienveillance et de ne pas tomber dans le jugement facile.
Selon Gilbert, nous avons trois systèmes émotionnels différents. Le premier correspond à la détection du danger (avec les réactions de stress, l’adrénaline et des émotions comme la peur, la colère, la honte etc). Le second est celui du désir, qui vous pousse à chercher à avoir ce que vous n’avez pas et à obtenir de la satisfaction. Mais Gilbert parle d’un troisième système, qui n’est ni dans l’évitement du danger, ni dans la recherche de satisfaction, mais dans le contentement, le réconfort et la sécurité. Bref, dans ce système, nous sommes simplement bien avec ce que nous avons, dans l’environnement où nous sommes.
Ce 3ème système est notamment activé par la gentillesse, le calme et les relations proches. Selon Gilbert, c’est à partir de ce troisième système émotionnel que vous pouvez accéder à l’empathie, la bienveillance et la compassion. Malheureusement, notre environnement nous programme pour sur-activer le système de danger et le système de désir, au détriment du 3ème système. Il nous faut donc apprendre à l’activer : par le calme, la proximité et le réconfort. Le meilleur moyen d’activer sa bienveillance est de commencer par soi-même : se traiter avec compréhension, bienveillance, se réconforter et prendre soin de soi, comme on le ferait avec les personnes que nous aimons le plus.